L’ancien chef de la MONUSCO, Martin Kobler, tire la sonnette d’alarme sur l’exportation illégale du coltan congolais via le Rwanda. Dans une interview accordée à la radio allemande Deutsche Welle (DW), il a dénoncé un système bien rodé permettant à Kigali d’écouler sur le marché mondial des minerais pillés en République démocratique du Congo (RDC).
Un « Made in Rwanda » trompeur
Selon Martin Kobler, le Rwanda, premier exportateur mondial de coltan, mélange sa propre production—qu’il estime faible—avec des minerais extraits illégalement en RDC. « Si seulement 30 % de son coltan provient réellement de ses mines, comment peut-on le laisser exporter sous l’étiquette ‘Made in Rwanda’ ? Ça doit cesser », a-t-il martelé.
La RDC détient près de 80 % des réserves mondiales de coltan, un minerai stratégique utilisé dans l’industrie électronique. Pourtant, une grande partie de cette richesse échappe à l’économie congolaise en raison du trafic transfrontalier.
Des sanctions économiques contre le Rwanda ?
Face à cette situation, Martin Kobler plaide pour une riposte économique coordonnée au niveau européen. Il soutient la décision de l’Allemagne d’arrêter ses consultations sur l’aide au Rwanda et appelle d’autres pays à suivre cet exemple. « Il ne suffit pas que l’Allemagne agisse seule. Il faut une approche coordonnée impliquant toute l’Europe », a-t-il insisté.
Une contrebande facilitée par des groupes armés
Un rapport du groupe d’experts des Nations unies, publié en juin 2024, révèle que les sites miniers de Rubaya, en RDC, sont sous le contrôle du groupe armé PARECO-FF, qui supervise l’exploitation du coltan dans la région. De plus, une alliance de circonstance entre le M23 et la PARECO-FF a permis d’acheminer ces minerais vers Mushaki, devenue un point stratégique du trafic.
En 2023, les exportations rwandaises de coltan ont connu une hausse record de 50 %, une augmentation qui, selon les experts, reflète la montée en puissance de la contrebande.
Face à ces révélations, la question demeure : jusqu’à quand la communauté internationale laissera-t-elle le pillage des ressources congolaises se poursuivre ?
Rédaction