La scène musicale congolaise est en deuil. Delcat Idengo, artiste engagé et critique acerbe du pouvoir, a été assassiné ce jeudi 13 février à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. Selon plusieurs témoins, il a été pris pour cible par des éléments du M23 sur la route de Turunga.
Une voix de la résistance réduite au silence
Originaire de Beni, Idengo s’était imposé comme l’une des voix les plus audacieuses de la résistance populaire. À travers ses chansons, il dénonçait l’incapacité du gouvernement à protéger la population et les connivences entre certains acteurs politiques et les groupes armés. Son engagement lui avait déjà valu plusieurs arrestations, notamment en 2021, avant d’être libéré fin 2023 sous la pression populaire.
Mais il n’avait pas renoncé à son combat. Récemment, il avait publié une chanson dénonçant la présence du M23 à Goma. Un ultime acte de courage qui lui aurait coûté la vie.
Un assassinat en pleine journée
Vers 13h, l’artiste a été abattu dans des circonstances troubles. Certains témoins affirment qu’il tournait un clip au moment de l’attaque, tandis que d’autres évoquent une mise en scène macabre : les assaillants lui auraient fait porter un pantalon militaire après son exécution.
L’opposant Martin Fayulu a réagi rapidement sur X :
« Qui a assassiné l’artiste musicien Idengo Delcat à Goma, et pour quelles raisons ? La nation perd un patriote engagé pour la cohésion nationale. Je pleure sa disparition. Il est plus que temps que cette guerre prenne fin. L’humanité avant tout ! »
Un symbole de la liberté d’expression réduit au silence
Détenu à la prison de Munzenze avant de s’évader lors de l’attaque du M23 sur Goma, Delcat Idengo savait qu’il était en danger. Pourtant, il a choisi de continuer à dénoncer les injustices à travers sa musique.
Son assassinat illustre la brutalité du conflit qui ravage l’Est de la RDC et les dangers auxquels s’exposent ceux qui osent s’exprimer. Avec sa mort, c’est une voix de la résistance qui s’éteint.
Rédaction