Le gouverneur militaire de l’Ituri, le Lieutenant-Général Johnny Luboya Nkashama, tire la sonnette d’alarme : les soldats engagés sur les lignes de front manquent cruellement de nourriture, malgré l’augmentation des fonds alloués à leur ration.
Lors d’un entretien avec la presse locale, le gouverneur a fustigé une gestion opaque des finances militaires, en particulier celles destinées aux vivres des troupes. « Aujourd’hui, nos militaires n’ont de quoi se nourrir que pendant 15 jours. Et pourtant, les fonds ont été multipliés par quatre. Où va cet argent ? », s’interroge-t-il.
Des fonds multipliés, mais une ration insuffisante
Le général Luboya insiste : son rôle est purement opérationnel. « Je représente l’armée sur le terrain. Je ne suis pas dans la chaîne logistique. Mais lorsque les militaires ne sont pas nourris ou payés, c’est moi que la population accuse », déplore-t-il.
Le gouverneur pointe du doigt une chaîne de gestion défaillante, qui compromet le moral et la performance des soldats, engagés notamment contre les milices de Thomas Lubanga et les groupes alliés au M23.
Une armée fragilisée par des décisions inadaptées
Outre la question des vivres, le général critique également la récente décision de l’Inspection générale des FARDC de suspendre temporairement les soldes des veuves de militaires tombés au front. « À chaque passage des inspecteurs, ce sont les mêmes conséquences. Or, nous sommes dans une zone de guerre. On ne peut pas venir nous distraire avec des mesures administratives mal pensées », a-t-il lancé.
Il rappelle que cette démarche vise officiellement à identifier les bénéficiaires légitimes des soldes, mais dans la pratique, elle provoque des tensions graves sur le terrain. Une manifestation des veuves concernées serait d’ailleurs en préparation.
Le spectre des « soldats fictifs »
Le gouverneur a également évoqué l’épineux problème des soldats fictifs, un mal bien connu dans l’armée congolaise. « Lors de la première visite du Chef de l’État, je lui ai exposé ce problème. Des régiments entiers sont sous-dotés. Là où il devrait y avoir 1200 hommes, il n’en reste que 300. Et pourtant, personne n’est tenu pour responsable », a-t-il dénoncé.
Luboya conclut en appelant à des réformes sérieuses et rigoureuses. « Un militaire au front, qui met sa vie en danger, ne peut pas continuer à se battre en sachant que, s’il tombe, sa famille sera abandonnée. »
Rédaction