Kinshasa, 15 juin 2025 — Pour la première fois sous cette législature, l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a levé l’immunité d’un ministre en fonction. À une écrasante majorité, les députés ont autorisé les poursuites judiciaires contre Constat Mutamba, ministre d’État chargé de la Justice.
Cette décision, votée ce dimanche en plénière, fait suite à l’examen du rapport d’une commission parlementaire ad hoc chargée d’analyser le réquisitoire du Procureur général de la République. Ce dernier accuse le ministre Mutamba d’être impliqué dans un détournement présumé de 19 millions de dollars américains, destinés à la construction d’une prison centrale à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo.
Sur les 363 députés présents, 322 ont voté pour l’autorisation des poursuites, 29 contre et 12 se sont abstenus. Ce vote est interprété par de nombreux observateurs comme un signal fort dans la lutte contre la corruption, longtemps considérée comme un fléau endémique au sein des institutions congolaises.
Un choc politique
Si certains élus voient dans ce vote un pas important vers la fin de l’impunité, d’autres s’inquiètent des conséquences politiques pour l’équilibre du gouvernement. Le ministre Constat Mutamba, figure montante du pouvoir judiciaire et proche de certaines sphères influentes, pourrait voir sa carrière brutalement freinée si les accusations sont confirmées.
La société civile, quant à elle, reste prudente mais vigilante. Plusieurs organisations de lutte contre la corruption saluent l’action du Parlement et appellent à un procès transparent, loin de toute instrumentalisation politique.
Une affaire à suivre
La suite de cette procédure judiciaire sera scrutée de près, tant sur le plan national qu’international. Pour beaucoup, l’issue de ce dossier pourrait faire jurisprudence et ouvrir la voie à une nouvelle ère de redevabilité des gouvernants en RDC.
Rédaction