Alors que les preuves attestant l’implication de Kigali dans les crimes de guerre dans l’Est de la RDC se multiplient, la Cour pénale internationale (CPI), les États-Unis et le Royaume-Uni préfèrent fermer les yeux. Et pire que ça, ces deux grandes puissances continuent de soutenir le Rwanda dans ses visées expansionnistes. Mais pour quelles fins ?
Ce n’est un secret pour personne, c’est une vérité connue de tous : le Rwanda agresse militairement la République démocratique du Congo (RDC), sous la couverture du Mouvement du 23 mars (M23), groupe terroriste, auteur des milliers de massacres en RDC et de la crise humanitaire qui sévit actuellement dans l’Est du pays, que Kigali soutient. Des preuves, entre autres plusieurs rapports des Nations Unies, attestent ces faits que le Président Paul Kagame et son régime ne cessent de réfuter de sang froid.
Le silence ainsi que la connivence de la Communauté internationale, dont principalement États-Unis et le Grande-Bretagne, face à cette situation est une autre vérité connue de tous. A cela s’ajoute également le manque de volonté de l’instance judiciaire internationale à reconnaître la culpabilité des dirigeants rwandais, alors qu’il en a fallu peu pour intervenir au profit de l’Ukraine.
Des preuves indéniables qui semblent échapper à la CPI
Le rapport de l’ONU publié en décembre 2023 – comme dans les précédents rapports – comprenait des images aériennes et des preuves photographiques des troupes des Forces armées rwandaises (RDF) aux côtés des terroristes du M23 en RDC. Le massacre de Kishishe, une localité du territoire de Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, ou les M23 ont tué une deux centaines de civils. Selon une analyse faite par le journal britannique The Guardian, les M23 n’ « auraient pas pu tuer, violer, torturer et déplacer autant de Congolais qu’il l’a fait ». « Sans les armes, les fonds et l’impunité des États-Unis et du Royaume-Uni, Kagame n’aurait pas pu continuer à contribuer à la violence en RDC autant qu’il l’a fait depuis 1998 », avance Vava Tampa, analyste de The Guardian qui, dans son article, cherche à comprendre ce que gagnent les décideurs politiques nord-américains et britanniques en finançant les violences en RDC.
Un document interne de l’ONU rendu public le 6 février dernier a révélé que les éléments de l’armée rwandaise soutenant le terrorisme du M23 font usage des missiles sol-air après qu’un drone d’observation de l’ONU a été visé par un tir parti d’un véhicule blindé attribué aux RDF dans une zone congolaise sous occupation de leurs supplétifs, les M23.
Appelant à la protection des civils et à l’accès à l’aide suite à l’intensification des violences la semaine dernière entre l’armée congolaise et les groupes armés non étatiques dont le M23 dans la province du Nord-Kivu, le Haut Commissariat des réfugiés (HCR) a condamné jeudi 14 février l’utilisation croissante de l’artillerie lourde et des bombardements lors d’affrontements autour de la ville Goma, ce qui constitue de « graves menaces pour les populations civiles et déplacées, menaçant de faire davantage de victimes et de détruire les bâtiments utilisés comme abris communaux. »
En dépit de toutes ces preuves indéniables contre le gouvernement rwandais, la Cour pénale internationale (CPI) – elle qui dit participer à une lutte mondiale visant à mettre un terme à l’impunité et s’emploie, au moyen de la justice internationale, à amener les auteurs des crimes à répondre de leurs actes et à contribuer à empêcher que ces crimes ne soient à nouveau perpétrés – semble toujours manquer de volonté d’inculper qui que ce soit.
Deux poids, deux mesures
Si ça se trouve, les procureurs de la CPI – qui enquête sur les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide en RDC depuis 2002 – sont aveugles ou préfèrent le devenir pour ne pas constater qu’il y a effectivement crime de guerre, crime contre l’humanité et génocide depuis des décennies au Congo et que l’auteur n’est personne d’autre que Kagame avec son régime hitlérien avec comme dommages la perte de près de 7 millions de Congolais innocents ? – la crise la plus meurtrière au monde depuis la Seconde Guerre mondiale.
Il est intolérable de constater que dans un cas similaire à celui de la RDC, le degré de traitement ainsi que de l’attention accordés par la communauté dite « internationale » (nous nous demandons si elle n’est pas qu’occidentale) sont la preuve d’une injustice impardonnable. Lorsqu’il s’est agi de l’Ukraine qui subit l’agression russe, les procureurs de la même instance judiciaire (CPI) n’ont pas tardé à dénoncer les tueurs au nom des droits de l’homme et du droit humanitaire international en émettant le mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine. Mais pour la RDC, ils préfèrent fermer les yeux.
Quel profit tirent les USA et le Royaume-Uni en finançant ces violences ?
Comment le Royaume-Uni ou les États-Unis peuvent non seulement rester les bras croisés alors que le Rwanda se lance dans une frénésie destructrice aux proportions historiques, mais aussi continuer activement à fournir au régime de Kagame la formation, les armes et les fonds dont il a besoin. C’est pour quelles fins sinon économiques comme l’ont toujours les profits de chaque guerre ?
Cette injustice insultante peut s’illustrer par un tête à tête entre le président rwandais et le Premier ministre britannique Rishi Sunak qui remonte au début de mois mars 2023. Au départ, les deux hommes ne devraient parler que de ce que les conseillers gouvernementaux contactés par The Guardian ont présenté comme un « partenariat migratoire entre les deux pays ainsi que des efforts conjoints pour briser le modèle commercial des passeurs criminels et résoudre les problèmes humanitaires ». Mais comme il est de coutume pour eux de faire preuve de calomnie et exhiber sans retenue leur hypocrisie, ils ont aussi abordé le sujet sur la crise humanitaire dans l’Est de la RDC, crise dont ils sont des commanditaires, pour ne rien dire consistant sinon se moquer.
Le problème est que cet entretien intervient après qu’un rapport d’Amnesty International a révélé que les M23, soutenus par le Rwanda, utilisent systématiquement la violence sexuelle comme un moyen de pression, comme une arme pour punir et humilier ses ennemis présumés. Étonnamment, un tel sujet sensible ne fait même ombre de leur brin de causette. Ce qui irrite The Guardian qui titre : « Sunak garde le silence sur le rôle du Rwanda dans les crimes de guerre en RDC pour sauver l’accord britannique sur les migrants ». Aucune compassion.
Et les États-Unis de son côté, pour sentir moins coupables du pétrin dans lequel il a enfoncé la RDC, lancent souvent des mises en garde nonchalantes contre Kigali. La toute dernière mise en garde enjoint au Rwanda de retirer immédiatement tout le personnel de son armée présent sur le territoire congolais et à retirer ses systèmes de missiles sol-air, qui, « menacent la vie des civils, des forces de l’ONU et d’autres soldats de la paix régionaux (SADC), des acteurs humanitaires et des vols commerciaux dans l’Est de la RDC.»
Et quelles sanctions enjoignent-ils au cas où le Rwanda n’obtempèrerait pas ? Aucune. Donc ce sont des menaces vides et insultantes pour les millions de personnes qui continuent de mourir pour une cause qui leur sont inconnue et injuste.
L’Est de la RDC est l’une des plus grandes réserves en sous-sol au monde, sinon la plus grande, où l’on retrouve les minerais tels que l’étain, le tantale, l’or… Ces minerais dits de « sang » car ils alimentent les conflits armés. Ils permettent la fabrication de plusieurs appareils informatiques (ordinateurs, téléphones…).
Quand on y pense, les États-Unis, le Royaume-Uni et les multinationales, et même certains pays africains, estiment qu’il serait avantageux pour eux que cette zone du territoire congolais reste en perpétuelle instabilité sécuritaire – massacres, viols, maladies –, et donc tout ce qui pourrait entraver les occupants à réaliser qu’ils sont propriétaires des telles aubaines minières, afin de permettre l’exportation illégale de ces minerais. Voilà pourquoi l’insécurité dans l’est est non seulement soutenu mais entretenu.