Une semaine après la prise de Goma par les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, la ville tente de retrouver un semblant de normalité. Après des affrontements intenses et une résistance acharnée des FARDC et des Wazalendo, les forces loyalistes ont fini par céder, laissant place à une occupation marquée par des pillages, des restrictions et une réorganisation forcée de la vie quotidienne.
Le chaos des premiers jours
Dans les heures suivant la chute de la ville, le 28 janvier, le désordre s’est installé. Des entrepôts du Programme Alimentaire Mondial (PAM) aux grands magasins comme « Kin Marché », en passant par des boutiques et galeries privées, de nombreux commerces ont été vidés par des pillards. Face à cette vague de pillages, les combattants du M23 ont imposé le 1er février des travaux communautaires obligatoires, interdisant toute ouverture de commerce avant 11h. Sous surveillance militaire, rues et avenues ont été nettoyées des déchets et des traces des affrontements.
Un retour progressif des activités
Le lundi 4 février, la ville a connu une timide reprise. Le quartier commercial a vu affluer une population en quête de ravitaillement. Mais cette reprise s’est accompagnée de fouilles systématiques : les rebelles ont lancé une opération de récupération des biens volés, sommant les habitants de les restituer sous peine de sanctions. Certains ont spontanément rapporté des sacs d’effets volés, notamment à la galerie Kasereka.
Des écoles et universités toujours fermées
Depuis l’ordre donné par le défunt gouverneur militaire Peter Cirimwami de suspendre les cours le 22 janvier, aucune école n’a rouvert ses portes. L’Université de Goma a annoncé une reprise prochaine, sans préciser de date, tandis que de nombreuses familles restent en exil.
Une économie en crise et une monnaie instable
La fermeture des banques a plongé les habitants dans une situation financière chaotique. Les opérations de change sont devenues anarchiques : si le dollar oscille entre 2800 et 2900 FC pour les achats, les transactions via mobile money se font à un taux bien inférieur, atteignant parfois 2500 FC. En outre, les frais de retrait atteignent 10 %, imposant aux habitants des conditions économiques difficiles.
L’électricité, un bien précieux
Seules les centrales de Matebe alimentent partiellement la ville via Virunga et Socodée. La Société nationale d’électricité (SNEL) n’a pas encore rétabli son réseau, plongeant Goma dans le noir dès 20h. L’usage du courant reste limité : le fer à repasser et les chauffe-eau sont proscrits pour éviter une facture insoutenable.
Une administration en transition
Face à l’occupation de Goma, le siège des institutions provinciales a été transféré à Beni, où s’est installé le nouveau gouverneur. Parallèlement, le M23 annonce la mise en place d’une administration composée « d’enfants de Goma », selon Corneille Nangaa.
Une semaine après la prise de la ville, Goma oscille entre incertitude, adaptation et résilience, dans l’attente d’un avenir toujours aussi flou.