Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique ce jeudi 27 février 2025, Jean-Marc Kabund, ancien président de l’Assemblée nationale et figure emblématique de l’opposition en République démocratique du Congo (RDC), a fermement rejeté l’idée d’un gouvernement d’union nationale. Selon lui, cette initiative ne serait qu’un prétexte pour manipuler la crise sécuritaire qui frappe le pays.
Un rejet catégorique du projet gouvernemental
Jean-Marc Kabund n’a pas mâché ses mots en dénonçant ce qu’il considère comme une manœuvre politique visant à détourner l’attention des véritables problèmes du pays. « Je refuse de cautionner une instrumentalisation politique de la crise sécuritaire, donc je ne suis ni demandeur ni preneur », a-t-il déclaré.
Revenant sur son propre parcours, il a rappelé son refus de collaborer avec ce qu’il qualifie de « justice aux ordres » et a critiqué le bilan du président Félix Tshisekedi. « Vous m’avez illégalement enfermé, vous me libérerez sans conditions. Cette libération ne répare pas l’injustice », a-t-il insisté, avant de dresser un constat sévère :
« Sous son mandat, le pays sombre dans la violence, avec l’Est en proie à la guerre, 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté et un régime de plus en plus autoritaire. Ces échecs ne sont pas un hasard, ils résultent d’une gestion clientéliste et d’un mépris total pour l’État de droit. »
Un avertissement contre une réforme constitutionnelle controversée
Kabund s’est également opposé à une possible révision constitutionnelle qui, selon lui, ouvrirait la voie à un troisième mandat pour Félix Tshisekedi. Il considère cette démarche comme un « coup d’État constitutionnel », allant à l’encontre des principes défendus par feu Étienne Tshisekedi.
« Modifier la loi fondamentale pour s’accrocher au pouvoir est une insulte à la mémoire des martyrs de la démocratie. Cela ne ferait qu’aggraver les fractures sociales et sécuritaires, comme le montrent déjà les discours belliqueux de ses promoteurs. »
Un appel à un dialogue sincère et inclusif
Face aux tensions politiques et sécuritaires, Kabund estime qu’un véritable gouvernement d’union nationale ne peut se construire sur des arrangements opportunistes, mais sur des principes de transparence et de responsabilité. Il appelle donc à un dialogue sincère entre les différents acteurs politiques, loin de toute manipulation.
Enfin, l’ancien député a pointé du doigt les défis économiques et sociaux qui minent le pays, dénonçant la corruption qui gangrène les institutions et appelant à des réformes structurelles pour améliorer la vie des Congolais.
« Nous devons travailler ensemble pour bâtir un avenir meilleur, mais cela ne doit pas se faire au détriment de nos valeurs et de notre intégrité. »
En réaffirmant son engagement pour le changement et la justice sociale, Jean-Marc Kabund s’inscrit dans une opposition frontale au régime en place, refusant toute compromission avec un projet qu’il juge dangereux pour la démocratie en RDC.