La République démocratique du Congo (RDC) a officiellement déposé plainte ce mardi 17 décembre contre les filiales françaises et belges d’Apple. Les accusations sont graves : recel de crimes de guerre, blanchiment de faux et tromperie des consommateurs. Selon Le Monde, qui a rapporté l’information, cette action judiciaire vise à dénoncer l’implication indirecte du géant américain dans l’exploitation des minerais issus des zones de conflit à l’est du pays.
Des chaînes d’approvisionnement contestées
L’avocat Robert Amsterdam, représentant la RDC via le cabinet Amsterdam & Partners, affirme qu’Apple ne peut ignorer la provenance controversée des matières premières qu’elle utilise. Ces minerais, connus sous le nom de « 3T » (étain, tantale, tungstène), sont cruciaux pour la fabrication de smartphones, tablettes et ordinateurs.
Depuis avril 2024, la zone minière de Rubaya, en RDC, est sous le contrôle du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda. Selon des données des Nations Unies, ce groupe impose des taxes illégales sur l’exploitation des mines, générant jusqu’à 300 000 dollars par mois.
Des failles dans la traçabilité des minerais
La plainte met également en cause le système de traçabilité Itsci, autrefois validé par l’Initiative des Minéraux Responsables (RMI), mais dont la certification a été retirée il y a deux ans. Malgré cela, ce système reste utilisé par plusieurs entreprises comme gage de contrôle sur la provenance des minerais.
Un cas emblématique et des actions à venir
Robert Amsterdam a déclaré qu’Apple a été ciblée en raison de son poids économique et de sa communication axée sur la responsabilité environnementale. « Apple est une cible symbolique, à la fois pour sa puissance financière et son discours public vantant son engagement pour la planète », souligne-t-il.
Cette plainte marque le début d’une série d’actions judiciaires similaires visant d’autres multinationales. Kinshasa espère ainsi attirer l’attention sur les conséquences désastreuses de l’extraction des minerais de sang et la responsabilité des entreprises internationales.
Apple et ses partenaires sous pression
Apple reconnaît s’approvisionner indirectement en RDC et au Rwanda via des intermédiaires, dont des comptoirs et des fonderies chargés de garantir la traçabilité, conformément aux normes de l’OCDE. Toutefois, la complexité de la chaîne d’approvisionnement continue de poser problème, laissant place à des pratiques opaques.
Cette affaire pourrait créer une jurisprudence et renforcer les efforts visant à assainir l’extraction des minerais stratégiques. Kinshasa espère ainsi briser le cercle vicieux des conflits alimentés par les ressources naturelles.