Kinshasa, 29 mai 2025 — Le Prix Nobel de la paix 2018, le docteur Denis Mukwege, s’est montré particulièrement critique à l’égard de l’ancien président congolais Joseph Kabila, l’accusant d’ambiguïté face à l’agression rwandaise en République démocratique du Congo (RDC). Dans une interview accordée à France 24 le mercredi 28 mai, Mukwege a décortiqué le discours de Kabila prononcé le 23 mai, ainsi que les circonstances de son retour au pays.
« Son discours est clair. Il n’a pas dénoncé le président rwandais comme agresseur, alors même que la résolution 27113 exige le retrait immédiat et sans condition des troupes rwandaises de la RDC », a affirmé le célèbre gynécologue, connu pour son combat contre les violences sexuelles en zone de conflit. « Il est même rentré par une zone sous contrôle du Rwanda. Ce sont des signes qui ne trompent pas », a-t-il ajouté.
Un silence qui dérange
La réaction du docteur Mukwege intervient alors que les tensions entre Kinshasa et Kigali restent vives. La résolution 27113, adoptée par la communauté internationale, appelle explicitement le Rwanda à mettre fin à sa présence militaire en RDC. Pour Mukwege, le refus de Kabila de condamner Paul Kagame dans son discours est une omission lourde de sens.
« Tout le monde sait que le Rwanda joue un rôle déstabilisateur à l’Est. Ne pas le dénoncer, c’est participer au silence complice », a martelé Mukwege.
Un contexte explosif dans la région des Grands Lacs
Alors que l’Est de la RDC continue de subir les affres de groupes armés, souvent soupçonnés d’être soutenus par Kigali, la sortie médiatique de Mukwege relance le débat sur les alliances politiques, les responsabilités historiques et les ambitions futures de Joseph Kabila.
Candidat malheureux à la présidentielle de 2023, Mukwege reste une figure morale de poids. Il continue de plaider pour la vérité, la justice et la paix durable dans un pays miné par des décennies de conflits.
Quel avenir pour la RDC ?
Ces nouvelles accusations ravivent les interrogations sur l’avenir politique du pays et sur les véritables intentions des anciens et actuels dirigeants. Alors que la population congolaise aspire à la stabilité, les prises de position comme celles de Mukwege pourraient bien redessiner les lignes du débat national.
Rédaction