Le retrait annoncé des troupes ougandaises (UPDF) du territoire de Lubero, au Nord-Kivu, suscite une vive contestation au sein des forces politiques et sociales locales. Déployées pour stopper l’avancée du M23 vers Butembo et Beni, ces troupes sont désormais perçues comme un rempart essentiel contre les rebelles.
Une présence militaire jugée indispensable
À Lubero, la majorité de la population s’oppose au départ de l’UPDF, un revirement surprenant après une hostilité initiale envers leur présence.
« C’est grâce à l’UPDF que nous pouvons encore circuler librement à Lubero-Centre, Kimbulu, Musienene et même Butembo », affirme César Maghutha, président du conseil de la jeunesse de Musienene. Il exhorte Kinshasa à renforcer sa coopération militaire avec l’Ouganda pour empêcher une percée des rebelles.
Un habitant de Lubero-Centre, sous couvert d’anonymat, estime que ce retrait serait une aubaine pour le M23 et favoriserait la désinformation sur les objectifs de la présence ougandaise.
« Nos forces ont du mal à contenir les rebelles. Si l’UPDF se retire, nous risquons de voir Lubero tomber sous occupation rwandaise », s’inquiète-t-il.
Mobilisation citoyenne contre le retrait
Les mouvements citoyens et groupes de pression, autrefois opposés aux forces étrangères, sont en première ligne pour sensibiliser contre ce retrait. À Butembo, ils ont décrété deux journées sans activité, tandis qu’à Beni, ils ont réaffirmé leur soutien à l’opération Shujaa, menée conjointement par la RDC et l’Ouganda.
« Le M23 et les ADF constituent une double menace. Retirer l’UPDF maintenant serait une erreur stratégique », soulignent-ils dans une déclaration.
Ces jeunes rappellent les succès de l’opération Shujaa dans le secteur de Rwenzori et la chefferie de Bashu, où l’armée ougandaise a permis de neutraliser plusieurs bastions rebelles.
Accusations de complicité au sein des FARDC
Le député provincial Chafi Musitu accuse certains éléments des FARDC de vouloir faciliter l’infiltration de l’ennemi en prônant ce retrait.
« Aujourd’hui, Beni connaît une accalmie relative grâce à l’action conjointe des UPDF et des FARDC contre les ADF. Pourquoi affaiblir ce dispositif en retirant les troupes de Lubero ? » s’interroge-t-il.
Le gouvernement rassure
Face aux tensions, le ministre du Développement rural, Muhindo Nzangi, a tenu à apaiser la population en affirmant qu’aucune décision officielle de retrait des troupes ougandaises n’a été prise.
« J’invite la population de Lubero et Butembo au calme. À ce jour, aucune demande de retrait des éléments de l’UPDF n’a été formulée », a-t-il précisé sur son compte X.
Tandis que les débats se poursuivent, la présence ougandaise à Lubero reste un sujet hautement sensible, entre impératifs sécuritaires et enjeux diplomatiques.
Rédaction