Un rapport publié le 5 mars par l’Institut de recherche Ebuteli, via son baromètre « Talatala », met en lumière une réalité préoccupante : entre septembre et décembre 2024, sur 170 initiatives de contrôle parlementaire déposées, seules sept ont été examinées en plénière. Aucune n’a porté sur la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo.
L’Est de la RDC oublié dans les débats parlementaires
Le document révèle que plusieurs initiatives de contrôle concernaient pourtant directement la situation sécuritaire dans l’Est du pays. Malgré cela, aucune n’a été inscrite à l’ordre du jour des débats en plénière.
La gravité de la situation s’est accentuée avec la prise de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, le 29 janvier par le M23, soutenu par l’armée rwandaise. En réaction, l’Assemblée nationale a convoqué une session extraordinaire le 4 février pour définir des stratégies diplomatiques et politiques afin de sortir de la crise. Cependant, avant même que des mesures concrètes ne soient adoptées, Bukavu est tombée à son tour le 16 février.
Une priorité détournée vers d’autres urgences
Le rapport rappelle qu’en novembre 2022, sous la précédente législature, les députés avaient voté une résolution interdisant l’intégration des combattants issus des groupes armés au sein de l’armée et des forces de sécurité. À cette époque, le M23 avait été officiellement qualifié de « groupe terroriste ».
Malgré l’ampleur de la crise en 2024, la session parlementaire de septembre, principalement consacrée au budget, n’a pas accordé de place à la question sécuritaire. Même lors du congrès du 20 décembre, où l’Assemblée nationale et le Sénat se sont réunis, l’urgence du moment n’a pas été la situation dans l’Est, mais la désignation d’un juge à la Cour constitutionnelle.
Ce silence parlementaire face à l’insécurité grandissante dans l’Est de la RDC soulève des interrogations sur les priorités des institutions et leur capacité à répondre aux attentes des populations touchées par le conflit.