Les incursions répétées de l’armée rwandaise, soutenant les rebelles du M23, aggravent les tensions communautaires dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Le gouvernement congolais dénonce une instrumentalisation des divisions locales par Kigali sous couvert de protection des Banyamulenge.
Une ingérence qui attise les tensions
Lors d’un briefing de presse tenu le mardi 11 mars à Kinshasa, Alexis Gisaro, ministre d’État en charge des Infrastructures, et Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, ont accusé le Rwanda d’exacerber les conflits entre communautés. Originaire du Sud-Kivu, Gisaro a réfuté l’argument selon lequel Kigali interviendrait pour protéger les Banyamulenge, une communauté tutsie vivant en RDC.
« Aucun membre Banyamulenge n’a demandé au Rwanda de venir protéger les siens. La présence de groupes armés en RDC est une réalité, mais l’ingérence du Rwanda alimente ces tensions. Ce sont des invasions répétées sous prétexte d’une aide à cette communauté », a-t-il déclaré.
Un prétexte dénoncé par Kinshasa
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a fustigé ce qu’il considère comme une justification fallacieuse de Kigali. Selon lui, les agressions rwandaises ne visent pas à protéger les Banyamulenge mais plutôt à déstabiliser la région.
« Notre pays est victime d’une occupation déguisée. On nous dit que le Rwanda intervient pour sauver une minorité en danger, mais d’où vient cette menace d’extermination ? C’est bien le Rwanda qui l’alimente », a martelé Muyaya.
Des tensions communautaires persistantes
À Uvira, dans les hauts et moyens plateaux du Sud-Kivu, la cohabitation entre communautés est un enjeu majeur depuis plusieurs années. Les initiatives de réconciliation proposées par la société civile et les acteurs politiques n’ont pas suffi à apaiser les tensions.
Dans le territoire de Fizi, les conflits entre éleveurs banyamulenge et communautés locales, notamment les Babembe, s’intensifient autour de la transhumance. Assassinats, pillages de bétail et administrations parallèles instaurées par des groupes armés aggravent la situation.
Face à cette crise, le gouvernement congolais appelle les populations locales à privilégier le dialogue et le respect des règles de gestion des terres et du bétail pour éviter une escalade des violences.